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La Turquie commencera trĂšs bientĂŽt Ă subir des pressions de la part des Ătats-Unis en raison de sa position sur la crise du Moyen-Orient, selon Jonathan Schanzer, vice-prĂ©sident senior de la Fondation pour la dĂ©fense des dĂ©mocraties, lâun des groupes de rĂ©flexion les plus influents de Washington.
Schanzer, qui Ă©tait auparavant analyste de la lutte contre le terrorisme au DĂ©partement du TrĂ©sor amĂ©ricain, estime Ă©galement que le Hamas est sur le point de devenir un casse-tĂȘte majeur pour le prĂ©sident turc Recep Tayyip Erdogan, arguant que « lâAmĂ©rique a tout ce dont elle a besoin pour dĂ©signer la Turquie comme Ătat sponsor ». du terrorisme. »
Tout rĂ©cemment, des membres du CongrĂšs ont Ă©voquĂ© le rĂŽle de la Turquie dans le soutien aux opĂ©rations du Hamas, mais il semble que cette question nâait pas reçu une attention adĂ©quate de la part des administrations amĂ©ricaines successives. Pourquoi donc?
La Turquie continue de bĂ©nĂ©ficier dâun statut protĂ©gĂ© Ă Washington en raison de son statut dâalliĂ© de lâOTAN et de la perception quâelle pourrait faire partie du bloc anti-russe. Sa valeur en tant quâalliĂ© de lâOTAN est pour le moins discutable tant quâelle abrite des groupes terroristes comme le Hamas. Et on ne sait absolument pas ce que fait Ankara pour contrer efficacement la Russie Ă la suite de lâinvasion de lâUkraine.
Pensez-vous que la dĂ©claration du prĂ©sident Erdogan selon laquelle le Hamas nâest pas une organisation terroriste entraĂźnera un changement dâopinion Ă Washington ?
La dĂ©claration dâErdogan a suscitĂ© lâindignation. Il continue de faire des dĂ©clarations qui donnent une mauvaise image de lui et de la politique de son pays. Les membres du CongrĂšs sont en colĂšre. Mais il reste Ă voir comment cela sera exprimĂ© dans la lĂ©gislation.
Puisque vous avez mentionné la législation, quelles mesures Washington peut-il prendre pour tenir la Turquie responsable de son implication dans la facilitation des activités du Hamas ?
Je pense que des sanctions peuvent ĂȘtre imposĂ©es immĂ©diatement Ă des personnes et entitĂ©s spĂ©cifiques en Turquie. On sait beaucoup de choses sur le rĂ©seau du Hamas que le gouvernement Erdogan autorise Ă opĂ©rer sur le sol turc. Au-delĂ de cela, lâAmĂ©rique a tout ce quâil faut pour dĂ©signer la Turquie comme Ătat soutenant le terrorisme. Si Washington juge cette dĂ©cision appropriĂ©e, les preuves sont lĂ . La Turquie rĂ©pond certainement aux critĂšres. Enfin, les Ătats-Unis peuvent commencer Ă pousser lâOTAN Ă crĂ©er un mĂ©canisme permettant de retirer des pays de lâOTAN. Cela ne signifie pas quâun tel mĂ©canisme doive ĂȘtre utilisĂ© immĂ©diatement. Mais la Turquie doit voir ce qui est Ă©crit sur le mur.
Pouvez-vous expliquer la pensĂ©e et les calculs dâErdogan lorsquâil dĂ©cide dâattaquer IsraĂ«l, les Ătats-Unis et lâOccident en gĂ©nĂ©ral, tout en signant le protocole de ratification de la SuĂšde et en lâenvoyant au Parlement ? Est-ce un exercice dâĂ©quilibre ?
Erdogan continue de tenter dâĂ©laborer une politique turque « indĂ©pendante » qui ne le place pas carrĂ©ment dans le camp de lâOccident ou du Mouvement des non-alignĂ©s. Sa politique peut ĂȘtre dĂ©crite comme « ni ici ni là ». Le problĂšme est quâil a tellement fait pour irriter lâOccident quâil pourrait bientĂŽt se retrouver complĂštement coupĂ© des alliances qui ont sauvegardĂ© les intĂ©rĂȘts de la Turquie pendant des dĂ©cennies.
Ă la lumiĂšre de tout cela, comment voyez-vous Ă©voluer les relations entre les Ătats-Unis et la Turquie ?
Je pense que la Turquie ressentira la pression des Ătats-Unis dans les semaines, voire les mois Ă venir. Le problĂšme du Hamas sera un Ă©norme casse-tĂȘte pour Erdogan. Mais je soupçonne quâil trouvera un moyen de nâapporter que les changements les plus minimes et de bĂ©nĂ©ficier dâun soutien continu au Capitole. La seule façon de changer la donne est de prendre des mesures rĂ©volutionnaires de la part des lĂ©gislateurs, de la Maison Blanche ou du DĂ©partement dâĂtat.
En ce qui concerne le conflit en IsraĂ«l, quelle est votre Ă©valuation du rĂŽle des Ătats-Unis dans la situation jusquâĂ prĂ©sent, et pourquoi lâIran et ses mandataires ne semblent-ils pas dĂ©couragĂ©s par la prĂ©sence militaire de Washington et son dispositif militaire accru dans la rĂ©gion ?
Je crois que les Ătats-Unis nâont pas rĂ©ussi Ă faire preuve de volontĂ© dâagir depuis de nombreuses annĂ©es. La puissance que lâAmĂ©rique a apportĂ©e au thĂ©Ăątre ne fait aucun doute. La volontĂ© de lâutiliser est une autre histoire. LâIran et le Hezbollah ne croient pas que les Ătats-Unis appuieront sur la gĂąchette. Et câest pour cette raison que les fusĂ©es continuent de voler.
Ătes-vous prĂ©occupĂ© par la possibilitĂ© que le conflit israĂ©lien dĂ©gĂ©nĂšre en un conflit rĂ©gional dĂ©passant les frontiĂšres dâIsraĂ«l ?
Il existe actuellement une possibilitĂ© trĂšs rĂ©elle dâune guerre rĂ©gionale. Nous assistons dĂ©jĂ Ă des combats Ă Gaza, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie. Gaza est la seule guerre Ă part entiĂšre. Mais le Liban continue dâĂȘtre tĂ©moin dâescarmouches entre IsraĂ«l et le Hezbollah. Les djihadistes syriens alignĂ©s sur lâIran tirent des roquettes et IsraĂ«l rĂ©plique sur le territoire syrien. Et IsraĂ«l continue dâarrĂȘter et parfois dâĂ©liminer des membres du Hamas en Cisjordanie. La rĂ©gion est dĂ©jĂ en feu. Reste Ă savoir si la situation va dĂ©gĂ©nĂ©rer Ă partir de lĂ .