Alors, pour avoir lu le bouquin de Jappe et avoir discuté avec son auteur (il venait régulièrement donner un séminaire dans l’université où j’étudiais), je peux dire ceci.
Tout le boulot de Jappe sur le travail vient de la Wertkritik, la Critique de la Valeur, un courant de pensée venant de penseurs allemands et se basant sur une lecture rigoureuse du seul premier chapitre du Capital de Marx. Le livre de Jappe, Les aventures de la marchandise est un résumé succinct de ces travaux, et je ne peux que conseiller la lecture de La substance du Capital de Robert Kurz (qui, en français, a d’ailleurs une préface de Jappe).
Cependant, plusieurs problèmes sont soulevés par cette exégèse. J’en ai montré quelques-uns dans mon ouvrage L’accumulation par les affects (https://editions.yom.li/livres/l-accumulation-par-les-affects), et une critique très intéressante est sortie après mon livre chez Michael Heinrich.
Bref, si la Wertkritik a le mérite de s’éloigner de la lecture « classique » de Marx telle qu’opérée par les marxistes « orthodoxes » (comme l’écrit Jappe), elle n’est pas sans apories, et d’autres interprétations sont plus à même de les résoudre. Gardez toujours une distance critique, y compris avec la critique.
Ça ressemble vachement à Saint Pierre ça 🤔