Inutile de consulter une boule de cristal pour pressentir que la crise politique s’étendra bien au-delà des prévisions initiales. Les astres étaient alignés fin juin pour l’Arizona mais depuis que Bart De Wever a jeté l’éponge, le scénario paraît très différent. Et ce, pour trois raisons. D’abord, les négociateurs s’écharpent sur deux gros dossiers : la révision de la taxation de la consommation (TVA) et la nouvelle taxation des plus-values boursières et de sérieux freins pour les sociétés de management. Du lourd, mais aussi deux pans essentiels dans la quête des 27 milliards d’euros nécessaires à l’équilibre budgétaire. Pour trouver un accord équilibré et digeste, tant par les socialistes flamands que les libéraux francophones, il faudra du temps. Ensuite, la dynamique et le climat de confiance entre certains présidents de partis sont abîmés. Bart De Wever a repris sa veste de leader nationaliste flamand. Il n’est plus l’homme en quête de compromis qu’il était lorsqu’il était formateur. Le voilà libéré du fardeau de devoir convaincre les libéraux francophones d’accepter des mesures portées par la gauche flamande. Enfin, le calendrier s’emballe. En pleine campagne pour les élections communales, chacun évitera des compromis qui pèseront dans les urnes. De plus, les négociateurs flamands craignent qu’un nouveau triomphe de Georges-Louis Bouchez ne renforce sa détermination.

La mission de réconciliation confiée à Maxime Prévot (Les Engagés) s’annonce difficile mais pas impossible. Il bénéficie de la confiance unanime (!) de ses partenaires, mais il devra offrir des gages à trois d’entre eux. À Conner Rousseau, qui doit restaurer sa flamboyance, il faudra bien donner les arguments nécessaires pour convaincre son parti de se lancer dans une alliance de centre-droit. À Georges-Louis Bouchez, qui veut se défaire au plus vite de l’image de l’homme qui bloque tout (un storytelling probablement dicté par Vooruit et la N-VA), il faudra offrir des balises fiscales suffisantes pour rassurer les petits entrepreneurs. Et enfin, à Bart De Wever qui, s’il souhaite encore porter l’Arizona au pouvoir, devra notamment convaincre les libéraux qu’il n’est pas l’obligé de Vooruit, partenaire incontournable de la N-VA au fédéral, mais aussi au gouvernement flamand et au collège communal d’Anvers.

Face à ces incompatibilités programmatiques, doublées d’une guerre d’égos en pleine campagne électorale, on comprend mieux pourquoi l’échéance de Noël est évoquée en coulisses.

  • Servais (il/le)OP
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    2 months ago

    On est en encore en août, ça parle de Noël, on se croirait au rayon déco chez Action