Hello tout le monde,
Samedi plutĂŽt tranquille pour moi, du coup en trainant sur Lemmy jâai vu passer un post pour un outil de gĂ©nĂ©ration dâimages via IA apparemment gratuit.
Bon, jâai bien vĂ©rifiĂ© le pricing, câest effectivement gratuit jusquâĂ 400 images par jour (vu quâelles sont gĂ©nĂ©rĂ©es par lot de 4, ça fait donc 100 gĂ©nĂ©rations par jour): https://clipdrop.co/pricing
Ca me semble pas mal, voilĂ par exemple ce que donne âfrench lemming drinking wine with french bread and eating cheeseâ
Pour ceux que ça intéresse, le lien est ici: https://clipdrop.co/stable-diffusion
On sâen fout de la gratuitĂ©, la question câest combien dâoeuvres ont Ă©tĂ© volĂ©es pour dĂ©velopper cette AI
Es-tu obligĂ© dâĂȘtre aussi agressif dans ton commentaire?
Difficile de rester calme face à un sujet omniprésent glorifiant un domaine néfaste sur un trÚs grand nombre de points.
Mais ça ne justifie pas lâagressivitĂ©, tu as raison ; dĂ©solĂ©.
Pas de soucis!
ZĂ©ro oeuvres ont Ă©tĂ© volĂ©e. Les informaticiens disent depuis 30 ans que le copyright a besoin dâĂȘtre sĂ©rieusement revu en profondeur, venez pas pleurer que des choses qui ne vous plaisent pas y soient lĂ©gales alors que le raisonnement lĂ©gal se base sur le monde des Ă©diteurs du 19e siĂšcle.
Tout doux ! Je suis bien dâaccord que le droit dâauteur câest complĂštement con, cependant le systĂšme est actuellement comme ça, et yâa des gens qui ont besoin de bouffer.
DeuxiĂšmement, la majeure partie pour laquelle les artistes visuels postent sur les rĂ©seaux câest pour la visibilitĂ©, et en fait, sans ça, ça peut ĂȘtre tendu du slip pour trouver du taf, donc tâes un peu coincĂ©.
Pas de problĂšme pour les dĂ©bats de gauches, moi je suis trĂšs chaud pour une mutualisation des droits dâauteurs et un salaire Ă vie pour tout le monde. On attendant on est pas lĂ .
AprĂšs on peut nuancer que les IAs ne sont pas encore au point pour vraiment remplacer des travailleurs Ă ce stade.
Ădit : oui en plus câest bien toi qui nous a fait un post pour dire que tu comptais essayer dâĂȘtre un utilisateur calme et heureux, ahah. Ăa va ? Tâas besoin de parler ?
Jâai failli faire un post qui dit âça y est jâai craquĂ©â >_<
Bah je trouve quâau lieu de se tirer dans les pattes câest de ça dont on devrait parler. Le remplacement des artistes câest une surprise, mais plein dâautres mĂ©tiers sont sur la liste, des juristes aux codeurs, en passant par les mĂ©decins. Câest dommage de chaque fois jouer âma corpo contre les autresâ au lieu de voir que ça va ĂȘtre tous les travailleurs qui sont concernĂ©s.
Et cette mentalitĂ© ne marche pas. âLe systĂšme est comme çaâ il va falloir aller plus loin, parce que pour le coup, lĂ , les entraineurs de modĂšles peuvent dire âle systĂšme est comme ça, ce quâon fait est lĂ©galâ
Sans compter que câest un combat perdu dâavances de plusieurs façons: les technos derriĂšre les modĂšles Ă©voluent de plus en plus vite et nĂ©cessitent de moins en moins dâentraĂźnement. On peut imaginer un modĂšle qui ait juste appris Ă gĂ©nĂ©rer des photos (sur des photos libres de droits) et Ă qui on donne, au run time, 3 images dans un style graphique donnĂ© et qui se mette Ă sortir tout ce que vous voulez dans ce style.
TrĂšs bons points sur lâautomatisation. Personne nâa lâair de vraiment sâen inquiĂ©ter, en attendant on voit les premiĂšres grosses vagues de licenciement dĂ»es à ça : https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/05/18/telecoms-vague-de-licenciements-massifs-chez-les-operateurs-britanniques_6173868_3234.html
Ăa fait plus de 40 ans que la SF crie que ça vient. Au point que mĂȘme les turbo-capitalistes comme Musk qui baignent dans le milieu disent que le revenu universel va devenir une Ă©vidence.
> Bah je trouve quâau lieu de se tirer dans les pattes câest de ça dont on devrait parler. Le remplacement des artistes câest une surprise, mais plein dâautres mĂ©tiers sont sur la liste, des juristes aux codeurs, en passant par les mĂ©decins. Câest dommage de chaque fois jouer âma corpo contre les autresâ au lieu de voir que ça va ĂȘtre tous les travailleurs qui sont concernĂ©s.
Lis la charte dâAmiens. Je prĂ©tends pas quâelle (ou le syndicalisme) serait la seule maniĂšre de mener une lutte, il y a mĂȘme des risques de corruption/dĂ©fection des dĂ©lĂ©gué·es syndicaux·ales et des directions syndicales, câest-Ă -dire, bĂȘtement, de concentration du pouvoir. Mais elle est assez claire quant au fait que les luttes doivent ĂȘtre menĂ©es pour amĂ©liorer la qualitĂ© de vie des travailleur·euses conjointement aux luttes pour mettre fin au salariat.
Par exemple, mon syndicat, Solidaires Ătudiant·es, est engagĂ© en faveur de la justice pour Nahel et sa famille. Je pense que câest trĂšs important, mais aussi que mon syndicat ne mĂšne quasiment pas de campagnes contre le racisme au niveau de lâuniversitĂ©, ce qui fait que quand moi jâai proposĂ© de lancer une campagne pour dĂ©gager une prof raciste il y avait trois personnes concernĂ©es autour de la table (pour une douzaine/quinzaine de blanc·hes). Dâun point de vue syndical, câest avant tout en dĂ©fendant et en amĂ©liorant la qualitĂ© de vie des travailleur·euses (je parle notamment de profs qui ne veulent pas voir de chercheur·euses âwokeâ ou racisé·es, de facteurs de risques de santĂ©, de travail contraint, etc.) que lâon construit un syndicat de masse et donc que lâon peut mener des luttes plus ambitieuses et rĂ©volutionnaires, et Ă©videmment faire convergence avec dâautres secteurs et dâautres oppressions contre la mĂȘme ultra-minoritĂ© bourgeoise, sexiste, agiste, raciste, validiste, et plus gĂ©nĂ©ralement gĂ©nocidaire et rĂ©actionnaire (queerphobe, etc.).
Je suis tout Ă fait alignĂ© avec la charte dâAmiens, et en thĂ©orie je devrais ĂȘtre syndicaliste, mais je nâai jamais vu les âgrosâ syndicats français dĂ©fendre la vision de la fin du salariat. Je trouve mĂȘme quâils ont dĂ©veloppĂ© une espĂšce de mystique du travailleur qui gagne sa dignitĂ© via lâexploitation dont il est victime. En manif, chacun dĂ©fend sa corpo, lâunitĂ© est absente. Alors peut ĂȘtre que je suis piĂ©gĂ© par une vision biaisĂ©e des choses et je veux bien des liens, des lectures et des orgas qui me montreraient un autre visage du syndicalisme.
Je trouve que ce passage de la charte:
On ne le retrouve pas en pratique. Ă moins que jâaie loupĂ© quelque chose, je ne vois pas dâeffort syndical Ă tracer ne serait-ce que les contour de ce futur âgroupement de production et de rĂ©partitionâ ni de discussions autour de cette rĂ©organisation sociale.
Que pense la CGT des SCIC et SCOP? Des coopĂ©ratives? Du travail associatif et de sa reconnaissance? Je serais heureux de dĂ©couvrir que jâai loupĂ© un pan entier du syndicalisme, hĂ©site pas Ă mâenvoyer des liens! Pour moi la rĂ©organisation sociale a commencĂ© dans ce quâon nomme aujourdâhui âĂ©conomie sociale et solidaireâ. Câest considĂ©rĂ© comme marginal aujourdâhui, ça pourrait bien devenir le mode dominant demain, et câest pas vraiment sous lâimpulsion dâorganisations politiques et syndicales que ça se passe.
RĂ©cemment je lisais un rĂ©sumĂ© de lâhistoire de la rĂ©sistance des employĂ©s LIP Ă leurs actionnaires. Et on y voit la CGT favoriser une reprise par un patron âsympaâ qui garantissait des conditions de travail dans la continuitĂ© du passĂ© plutĂŽt que la part des employĂ©s qui voulaient continuer en autogestion totale. Jâai lâimpression que la CGT est toujours dans ce mode âmoins fouet, plus de pailleâ plutĂŽt que dans une logique de libĂ©ration profonde.
Il a dit quâil essayerait, pas quâil y arriverait 100% du temps đ
Ok, reformulons alors: les IA se basent sur le travail dâartistes sans leur consentement (ou alors malgrĂ© leur refus explicite), et gĂ©nĂšrent du profit sans aucun scrupule et en ignorant complĂštement les auteurs.
Et les devs sont les premiers Ă mettre des licences restrictives y compris dans lâopen source. Les licences auto-repliquĂ©es ça les gĂȘne pas, et je pense pas quâils tolĂšreraient quâune entreprise dĂ©cide de sâapproprier leur code Ă des fins commerciales. Qui plus est, lâinformatique est un domaine trĂšs diffĂ©rent, donc je comprends pas trop le lien.
Si le copyright a besoin dâĂȘtre changĂ©, câest en opposition aux entreprises prĂ©datrices, pas aux crĂ©ateurs.
Absolument, ça fait un moment quâon attend que sâouvre cette discussion. Depuis quâil est devenu gratuit de dupliquer des oeuvres et des les Ă©changer par internet en fait. Il aurait du ĂȘtre clair depuis ce moment lĂ quâun systĂšme qui se base sur la rĂ©tribution Ă la copie produite ne pouvait plus tenir longtemps. Le partage non commercial dâoeuvre aurait du logiquement ĂȘtre lĂ©gal et la production financĂ©e par dâautres moyens comme le crowdfunding (qui ont fini par Ă©merger du monde de lâinformatique, pas de celui des syndicats de copyright, prĂ©tendument intĂ©ressĂ©s Ă la viabilitĂ© des artistes mais incapables de repenser leur modĂšle). Elle va enfin arriver, mais partir sur la confrontation pure risque de ne pas ĂȘtre productif. Vous pouvez pas nous servir du âok partager les oeuvres que vous aimez avec des amis câest moral mais illĂ©galâ et ensuite dire âbon ok, utiliser des datasets publiĂ©s câest lĂ©gal mais câest pas moralâ. On remet le deal Ă plat ou pas.
ârestrictivesâ dans le sens quâil est interdit de leur ajouter certaines restrictions. Les licences virales comme la GPL sont un hack du copyright. La plupart des libristes seraient ok si on faisait sauter toutes ces licences en disant âĂ partir de maintenant le copyright ne sâapplique plus au code ni aux binairesâ. Câest des restrictions anti-restrictions.
La plupart des licences virales lâautorisent, mais imposent que le code reste libre. Des boites comme Canonical gagnent de lâargent avec du code libre et avec la bĂ©nĂ©diction de la communautĂ©.
Ce qui perturbe les gens comme moi qui sont enthousiastes des progrĂšs de ces modĂšles, câest quâon nâa pas lâimpression de faire quelque chose de diffĂ©rent dâun auteur humain: un humain voit des contenus dâautres artistes, sâen inspire, apprend comment on fait, comment la syntaxe dâune image fonctionne, les couleurs et les styles, les compositions et la grammaire de lâimage. Pourquoi une IA nâaurait pas le droit dâapprendre Ă©galement, comme un humain, en regardant des images, en mixant des styles et en produisant des oeuvres originales mais forcĂ©ment influencĂ©es par ce quâelle a vu dans le passĂ©?
Dâautant plus que dĂ©s le dĂ©but de cette polĂ©mique, les propositions ont abondĂ© pour se mettre dâaccord sur un tag qui indique que lâimage ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©e dans de lâentraĂźnement de modĂšle (note quâen thĂ©orie le protocole robots.txt devrait pouvoir suffire). Ăa a Ă©tĂ© rejetĂ© en bloc, les ayants-droits ayant dĂ©cidĂ© quâils prĂ©fĂ©raient crĂ©er artificiellement un nouveau type de restrictions et en nĂ©gocier lâaccĂšs. Ăa me semble pas basĂ© sur une position de bonne foi.
AprĂšs, lâangoisse de voir ses compĂ©tences perdre rapidement de la valeur, je la comprends, et je la partage chaque fois que je vois la qualitĂ© du code produite par GPT-4 faire un bond, mais sâaccrocher Ă des choses qui deviennent de toutes façon obsolĂštes ne me semble pas la solution. Il faut quâon construise ensemble la sociĂ©tĂ© post-travail, et quâon le fasse ensemble, au lieu de dĂ©fendre bec et ongle le droit Ă une chasse gardĂ©e dans la niche des bullshit jobs.
Retour intéressant et bien argumenté
Le vrai problĂšme, câest que lâIA se nourit du des donnĂ©es produites par des gens sous-payĂ©s. Toutes les images ingĂ©rĂ©es par le modĂšle ont dĂ» ĂȘtre prĂ©alablement censurĂ©es puis dĂ©crites textuellement par des petites mains (au Kenya de mĂ©moire), comme pour la modĂ©ration des rĂ©seaux sociaux. Pour dĂ©tourner de cĂ©lĂšbres propos : lâinformatique, câest lâexploitation de lâhomme par lâhomme.