Je ne connais pratiquement rien des cultures autochtones américaines. Hormis un peu l’histoire de leur génocide et le nom des peuples les plus connus.

La représentation qui me vient en tête quand je pense aux peuples autochtones d’Amérique, c’est premièrement Lucky Luck, deuxièmement Yakari. Autant dire que je n’y connais absolument rien.
En cours d’histoire, on m’a parlé vaguement de massacre des indiens d’Amérique (ou Amérindiens), on les appelle comme ça en France, sans leur donner le nom de génocide et en insistant lourdement sur le fait “faut pas abuser ! Hein ! La plupart des morts sont dues aux maladies importés du vieux continent.”

Concernant la culture, ça a commencé dans les années 1945, avec la libération de la France par les forces américaines. Peu de temps après les gens savaient que le rôle principal contre les nazis avait été joué par les soviétiques, mais assez rapidement cette idée a été remplacée dans la tête des gens par volonté de s’éloigner du communisme, un des points d’action principaux entre autres de de Gaulle.

La suite a été largement conditionnée par l’omni présence des productions télévisuelles des US.

L’americana et les Buffalo Bill, ce sont des restes de l’arrivée massive du american dream avec le Plan Marshall (en gros, les années 60 -les yéyés- surtout).

Paradoxalement la politique française (et ses élites) était contre cette invasion des esprits, alors dans un bel esprit de contradiction les jeunes ont trouvé ça “vachement cool”. Bref, rien de nouveau sous le soleil de la lutte entre les djeuns et les vieux barbons.

A noter qu’en contre réaction il y a eu pas mal de revival indien dans la contre culture des années 80 mi 90. Façon Sioux-Land on va pas se mentir non plus, je les ai cotoyé et bref, c’est pas jojo.

Pour ma part je me suis un peu intéressée à ça ado, et ma conclusion était que c’était très vaste, que j’effleurais à peine la surface et qu’il fallait arrêter les généralités à la con des peuples autochtones éternels sous le soleil sans passé ni futur et si proche de la nature.

Sinon enfant j’adorais la bd Yakari.

Une qui m’a vraiment étonné c’est votre glorification des américains et de leur culture et comment on tente de la reproduire en France avec des simulacres comme les restaurants Buffalo Grill par exemple, ou certains artistes qui tentent de bâtir leur image et leur style sur l’americana.

Je pense qu’il y a plusieurs choses :

• Le marché américain est tel que toute entreprise à visée internationale va viser les ÉUs, parfois en faire un élément de première classe (FR/EN/IT/DE seront géré en second temps). On se retrouve avec des entreprises européennes qui ont une approche américano centrée de leur production ; anglais par défaut, marketing puritain, etc.
• Le soft power américain est vraiment important, en particulier dans les films et sur le net, où les expressions et quasiment toute la culture populaire est lié aux ÉUs.

Pour les autochtones, je suppose qu’on sait pas grand-chose (à part qu’ils ont été génocidé), et qu’une partie de la population (française, mais surement aussi européenne) ne s’en intéresse pas (disons que les génocides en Europe, ce n’est pas ce qui manque).

Jeune né dans les années 2000 ici.

Une qui m’a vraiment étonné c’est votre glorification des américains et de leur culture et comment on tente de la reproduire en France avec des simulacres comme les restaurants Buffalo Grill par exemple, ou certains artistes qui tentent de bâtir leur image et leur style sur l’americana.

C’est vrai, je me souviens qu’étant petit, énormément de dessins animés, de films, de musiques et de clips musicaux diffusés à la télé étaient d’origine américaine. Aujourd’hui je constate la même chose pour les contenus sur Internet. Ça a eu et ça a toujours une influence énorme sur notre culture et notre mode de vie.

Mais l’autre qui m’intéresse principalement c’est votre perception des peuples autochtones et les premières nations américaines. Qu’est-ce que vous connaissez à propos de ces peuples et comment les percevez-vous?

Au début j’avais surtout l’image de l’amérindien dans sa tenue traditionnelle comme dans Lucky Luke, puis une image un peu fantasmée : l’amérindien qui vit au contact de la nature, un peu en dehors de la civilisation occidentale, qu’on regarde avec fascination (ce qu’on appelle en France le “mythe du bon sauvage”). On utilise souvent ces figures dans la culture pour critiquer certains éléments des cultures occidentales : en cours de français, au lycée, j’ai étudié un extrait de texte de Montaigne au sujet des Tupinambas, utilisés plus ou moins comme prétextes afin de critiquer la légitimité du pouvoir royal (le texte disait en gros : “pourquoi le roi devrait être un descendant d’une famille au lieu de quelqu’un choisi pour sa compétence et son charisme, comme chez eux ?”).

Mais en dehors de ça, on ne connait que très peu les peuples amérindiens.

Salut, J’ai grandi dans les années 80-90 avec des BDs des années 70s (vive les bibliothèques) donc pas mal de mon imaginaire américain vient de là (Lucky-Luke, Yakari, Blueberry, Comanche, les Tuniques Bleues, etc…) et des westerns spaghetti. Et aussi Le Dernier des Mohicans !

Là-dedans la place laissée aux amérindiens est plutôt réduite, sauf dans Yakari le petit indien, où on apprend quand même pas mal de choses sur la culture amérindienne (ce qui me revient en tête par ex : les pow wow, le calumet, les tertres, la hutte de sudation, les migrations saisonnières, les techniques de chasse aux bisons et tout l’écosystème permis par le bison).

Chez moi il y avait aussi un livre des 70s “Pieds nus sur la Terre Sacrée”, qui rassemble des photos et des citations de chefs amérindiens, du style Sitting Bull “quand le dernier arbre sera abattu, la derniere rivière empoisonnée etc… alors l’homme blanc se rendra compte que l’argent ne se mange pas”, bref un livre quand même assez orienté écologie et qui ouvre les yeux sur les abus des colons.

Tout ça m’a énormément marqué, et quand j’ai eu l’occasion d’aller en Amérique du Nord c’est un aspect que j’ai voulu explorer : en visitant un max de musées et de sites, par exemple les Mounds de l’Ohio juste parce que je me rappelais du serpent dans Yakari, mais comme les amérindiens avaient une culture orale et nomade, il reste peu de traces.

Pour répondre à ta question, qu’est-ce qu’on connait des peuples autochtones (on parle de l’Amérique du nord), pas grand-chose pour la raison citée juste avant (culture orale et nomade = effacement historique facile), mais on sait qu’à l’origine il y avait de très nombreuses tribus (je vais peut-être dire des conneries), certaines nomades dans les Plaines par ex Lakotas, Comanches, Cheyennes, d’autre peut-être plus sédentaires car les ressources sont plus constantes par ex Iroquois à l’Est, Pueblos au Sud, Kwakwakwa’wks (j’adore ce nom) et Haïdas à l’Ouest.

Toutes ces tribus avaient chacune leur propres coutumes, langues, système d’organisation, culture, spiritualité et lieux sacrés, luttes internes ou avec d’autres tribus, bref comme n’importe où dans le monde, on ne peut pas faire de généralités sur “tel peuple de ce continent ils étaient tous comme ça sisi”.

Avant l’ère industrielle (fin 18e-19e siècle) les relations avec les colons étaient plutôt équilibrées, comme s’il y avait une nouvelle tribu sur le continent, il y avait pas mal de mélange surtout avec les français il semble, les anglais sont moins propices au mélange ? ou ils ont moins l’âme de trappeurs…

Les guides amérindiens ont permis aux explorateurs de découvrir tout le continent (expédition lewis & clarke menée à bien grâce à la Sacagawea la femme du guide trappeur français).

Cette perception de “cohabitation douce” au nord est surement erronée car pour l’amérique centrale et du sud on a bien l’image d’une entrée avec fracas des espagnols qui ont massacré, pillé, contaminé tout le monde, dès le 16e avec Cortès, alors que dans les fait c’est plus nuancé.

Après ça s’est corsé car l’industrialisation a permis aux colons d’aller plus vite, plus fort, plus loin, et là le rapport de force a changé, l’immigration massive et les progrès techniques (trains, armes) ont obligé les tribus à se battre ou se barrer, les Etats-Unis se sont formés et ont acheté, menti, trahi, massacré pour s’étendre sur plus de territoires. Idem pour le Canada.

A partir de là on a l’image des amérindiens en lutte (Little Bighorn), puis massacrés (Wounded Knee) déplacés de leurs terres vers des réserves de plus en plus petites (traités non respectés au grés des découvertes d’or ou de pétrole sur les réserves). Vu que les colons ont les armes et le nombre… J’ai bien aimé le film Little Big Man sur ce sujet.

Et aujourd’hui, on a l’image de communautés tribales extrêmement pauvres plongées dans l’alcoolisme et la meth, d’un peuple globalement discriminé, même si certaines communautés s’en sortent mieux grâce à des droits exclusifs (casinos, pêche du saumon)…

Qu’est-ce qu’il reste aujourd’hui en France de ces influences ? Le 4x4 Cherokee, les attrape-rêves, et ma copine qui part en WE faire une hutte de sudation avec un chaman…

Je suis Français immigré au Québec. En France on ne connaît pas grand chose des indiens d’amériques comme on disait quand on était jeunes. On connait les sioux, commanches, iroquois, cherokee, “esquimaux”, mais c’est tout (et ils n’étaient pas au “Canada”). On ne connaît pas leurs histoires, ni les abénaquis, ni les atikamekw, ni les innus, etc.

On a appris à l’école que des peuples se battaient avec les Français, d’autres avec les Anglais, que beaucoup ont été décimé par nos guerres ou par les maladies.

Mais c’est normal, France/Québec on parle une même langue à la base, qui a aussi beaucoup changé (mais c’est un autre débat), mais on ne partage pas notre histoire. C’est comme demander à un Britannique ou un Américain si il connaît les peuples autochtones aborigènes d’Australie ou les papous et leurs histoires etc.

En ce qui concerne le rêve américain, c’est surtout à cause de l’après-guerre, des films américains sur l’opulence, etc. À la base je voulais rester au Canada quelques années et aller aux USA après, mais oh boy que j’ai bien fait de rester. Les USA ça craint sur pas mal d’affaires, pas le peuple en général, ils sont très sympa pour la plupart, mais leurs politiques, systèmes scolaires/santés, état policier, etc, pas top.

Quand je vois en France le monde capoter parce qu’un Starbuck ou une boutique Nespresso vont ouvrir dans leurs coin, ça me fait dire “Nnnnnnnooooonnnnnnnnnnn”

Plus je m’informe et plus c’est déprimant. J’y faisais pas particulièrement attention avant, mais ce n’est plus le cas.

L’empire colonial britannique s’est vraiment installé partout: Amérique du nord, Nouvelle Zélande, Australie (et autres…)

Ce que je constate c’est que ça a l’air d’un peu mieux se passer en NZ, même si l’oppression est toujours présente.

Par contre aux US c’est juste incroyable à quel point ils ont l’air inexistants, complètement effacé. Il y a un racisme fort là bas, qui se voit d’ailleurs à travers la population noire.

Concernant l’admiration pour les US, ils ont gagné la bataille culturelle avec leur soft power. C’est dommage parce qu’ils produisent des choses intéressantes, mais on ne s’aventure plus trop à réaliser ce genre de production en France maintenant. Donc maintenant le cinéma français c’est de l’humour lourd de beauf, ou des films dramatiques.

Concernant les peuples autochtones, je pense qu’ils vivent sous opression, comme la population racisée en France.

Ils se sont fait génocider et exproprier. Pour les US je pense qu’on en est globalement conscient, par contre pour le Canada beaucoup moins, perso j’ai appris très récemment que ça s’était pas mieux passé (euphémisme).

Je parlerais pas de glorification, ça c’était la génération d’avant (50 ans et +). Depuis la guerre en Irak l’image des US s’est détruite progressivement.

Apres il y aura toujours une affinité, parce que l’Amérique du nord c’est nous, les européens. On a tous une branche de la famille la bas, en remontant un peu l’arbre.

Buffalo Grill c’était déjà plus a la mode a la fin des années 90, je sais pas comment ils tiennent.

Par analogie avec le vieux continent:

Au nord: Comme les gaulois, sauf que les romains ont amené des maladies mortelles volontairement disséminées et on ranges les derniers dans des camps de concentration pour leur piquer leur terres. Aujourd’hui aussi bien tolérés que les Roms en Europe.

Au sud: plus proche de Babylone initialement en terme de structures villes et echanges, même traitement initial mais au final pas de camps de concentration mais un mélange avec les envahisseurs (et les esclaves africains dans les zones concernée)

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